Etre ou ne pas être Grands-Parents ?

Autour de nous, famille, amis , copains de notre âge (mon homme 70 ans et moi 67 ) ou même plus jeunes (les premiers de mes neveux et nièces ont une dizaine d'années de moins que moi - bref, je suis d'une GRANDE famille ...) sont, dans leur très grande majorité "GRANDS-PARENTS ". Tout à fait normal. Or, pour beaucoup de ces relations (certains le disent franchement,d'autres le pensent si fort que c'est tout comme) nous ne sommes pas "dans la norme", bien que parents de 3 enfants de 39 à 25 ans, nous ne sommes pas grands-parents!!!!

J'estime ne pas avoir à me justifier; je ne me sens nullement frustrée. J'aime ma vie, j'aime mon homme et mes enfants , chacun a son espace de liberté et je le respecte. Je suis par contre choquée par la réaction de celles et ceux qui voient un problème là où je n'en vois pas .

Résumons:
Nous avons 3 enfants :

Fils aîné a 39 ans, célibataire, a beaucoup navigué (au sens propre du terme - à 21 ans il était lieutenant dans la marine marchande et au fil de ses embauches, il a presque fait le tour du monde ), puis s'est "réorienté" dans la navigation web, en un mot l'informatique et les réseaux ; bref, quand il s'est posé, après quelques petites copines il a vécu 2 ans avec une compagne et leurs chemins se sont séparés et depuis ..... il vit seul ; 2 petites remarques :
- l'une sur le ton de l'humour, suite à la question, devant lui, d'une de mes copines
" oh! Man' tu es peut-être grand mère au Brésil!"
- et l'autre à moi , un jour de confidences sur un projet d'achat de maison
-moi: " il ne te manquera plus que la petite femme !"
- lui:" je suis très bien comme çà" .
Sans commentaire de ma part, la discussion est close, je respecte:s'il ne souhaite pas en dire plus, je n'en parlerai plus.

Ma fille: 35 ans, (en couple depuis 3 ans, son compagnon 33 ans, tous les 2 épanouis, respectueux l'un de l'autre, bien dans leur peau, et bien ensemble: ils ne souhaitent ni l'un , ni l'autre avoir d'enfant. C'est clair entre eux, c'est leur choix et je le respecte .
Et c'est un choix et non une impossibilité physiologique , qui , c'est vrai,s'ils souhaitaient un enfant, serait une souffrance pour elle, lui et nous.

Ma fille a ce qu'on dit souvent "du caractère"; elle sait ce qu'elle veut, a toujours fait preuve d'esprit d'indépendance, elle est aussi très ouverte aux autres, à la découverte du monde (elle a aussi pas mal voyagé ), également très disponible pour la famille et les amis. C'est vraiment quelqu'un qui aime "partager" tout en sachant préserver certaines limites. Elle a en elle, ce que je peux appeler, un espace de liberté et me paraît heureuse dans sa vie .
Alors, quand une de mes anciennes collègues de travail, rencontrée sur le marché, me demande des nouvelles de mes enfants et choquée par cet "état" "situation" "décision" ? - je ne trouve pas le terme - de ma fille me déclare tout de go :
- "Tu dis qu'elle ne VEUT pas d'enfant ce n'est pas normal, tu lui as dit de voir un psy ? "
Je bous, mais me retiens et réagis aussi calmement que possible ....tout en souhaitant abréger cette discussion qui ne me mènera à rien , je le sais.
-" ma fille est tout à fait équilibrée, elle et son homme assument leur choix, je n'ai aucune raison de la faire culpabiliser
et là , la goutte d'eau qui fait déborder le vase :
- mais elle réalise que quand elle va vieillir, sans enfants, elle sera seule !
- moi : "ARRETE" !!!! je crois qu'on ne peut discuter sur ce sujet , là, maintenant entre 2 étals de légumes , mais très franchement, pour ce qui me concerne, je n'ai pas fait des enfants pour avoir des bâtons de vieillesse : je leur ai "DONNE LA VIE" donné, c'est donné: ils en font ce qu'ils veulent. Au revoir !
En fait je suis un peu lâche, car, si je suis effectivement partie sans attendre sa réponse, je n'aurais pas dû dire "au revoir", car je n'ai pas vraiment envie de reprendre cette discussion.

Pour moi, le "don de la vie" n'implique aucune exigence en retour, si ce n'est celle de vivre librement dans le respect et l'amour de l'autre, des autres.

Passons donc sur cette discussion, qui en fait, vous l'aurez compris est à l'origine de ce billet. Je vous ai dit que j'ai 3 enfants, alors quid du 3ème et de sa descendance ?
Celui là, c'est celui que j'appelle dans ce blog "le Dauphin" ( il a été champion de nage avec palmes) et sa compagne , tout simplement par association d'idée ou d'élément marin "la Sirène" ; bref, eux n'ont que 25 ans , en couple depuis presque 4 ans; la Sirène vient juste de finir ses études . Ce n'est que depuis cet été qu'ils ont effectivement aménagé ensemble; avant ce n'était que durant les vacances scolaires et quelques week-ends ; alors je pense qu'il faut laisser le temps au temps et jamais je ne leur dirai " c'est quand le petit ? "

Vous avez donc compris que je ne mettrai jamais la pression à mes enfants pour qu'ils me fassent grand-mère et mon homme partage tout à fait ce point de vue. Je ne supporte pas la pression médiatique, familiale, sociale ou même amicale concernant le fait d'avoir un enfant ou pas, un enfant unique ou pas, 2, 3 ou plus d'enfants . D'ailleurs je me demande pourquoi on dit "avoir" un enfant car , pour ma part je pense qu'on ne peut "posséder" un être humain: on le crée ,on l'éduque, on lui transmet le mieux de ce que l'on a soi-même reçu ou acquis , et peu à peu lui-même construit sa vie .

Commentaires

1. Le mardi 6 septembre 2011, 09:53 par Anne

Je trouve très beau ton passage sur "donner la vie". J'espère avoir autant d'abnégation si ma fille fait ce choix, de ne pas avoir d'enfants :-)

(Enfin on a le temps, en l'occurrence !)

2. Le mardi 6 septembre 2011, 13:25 par charlottine

Merci Anne! C'est vrai que vous avez le temps ...et tu verras que au fil des années les ressentis réciproques continuent à construire chacun. J'ai beaucoup reçu de mes parents , de mes frères et soeurs (je suis la onzième et dernière de la famille ); j'essaie de transmettre au mieux ce que j'ai reçu; je constate que nos propres enfants nous font évoluer en respect et tolérance.

3. Le mercredi 7 septembre 2011, 13:22 par Madeleine

Déjà je déteste justifier mes choix de vie alors ceux de mes enfants !
Je me retrouve comme toi à m'agacer de certaines réflexions qu'il m'arrive d'entendre. Par exemple on me demande ce que mon fils veut faire plus tard (à propos de la finalité de ses études) ou comment se fait-il que ma fille soit célibataire à 27 ans.
Je n'ose imaginer les futures questions sur leur descendance !
Tiens je vais commencer à penser à d'éventuelles réponses bien cinglantes :)

4. Le jeudi 8 septembre 2011, 08:32 par charlottine

Madeleine, c'est bien ce type de réflexions qui m'a fait réagir, j'en entends souvent tant sur le célibat de l'aîné que la non descendance de tous .... Je réponds en général que l'enfantement n'est pas la seule manière d'assurer une transmission ...et j'abrège , car souvent c'est difficile sinon impossible de discuter.

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