Il nous faut regarder

Etrange le cheminement que je viens de faire: ma fille m'a offert à Noël 2 DVD de Jacques Brel en public (elle me connaît bien) et je viens de regarder ses adieux à l'Olympia en 1966. Je passe l'émotion, je suis une inconditionnelle de Brel... Et j'ai eu envie de retrouver d'autres souvenirs du Grand Jacques. Car j'ai quelques vrais, beaux, précieux souvenirs.

Petite exploration dans la rangée de Vinyls en bas de ma bibliothèque .
Mais où sont mes deux 45 tours dédicacés par Brel quand nous étions allées N. et moi à son récital dans la vieille salle de spectacle, maison de la culture de l'époque, celle qu'on appelait le tonneau, construite après la guerre, dans ma bonne ville de Caen ?
Quel souvenir ! Je crois que j'étais en 2de, 14 ou 15 ans, avec ma copine N. on avait économisé et obtenu de nos parents l'autorisation d'aller au spectacle!
J'étais pensionnaire et N. externe, alors j'avais eu aussi l'autorisation de "sortir" chez elle !
Brel chantait encore en s'accompagnant de sa guitare ... ''Sur la place, Qu'avons nous fait bonnes gens, Le diable, Dites si c'était vrai, Quand on a que l'amour"... des textes sublimes que je ne peux oublier et que je n'accepterai jamais que l'on traite de "ringards" et "naïfs" (même si, hélas, je l'ai entendu) .

Et c'est mon bonheur du jour, j'ai retrouvé bien rangés dans ma bibliothèque, dans le livre d' Olivier Todd consacré à Jacques Brel, mes deux 45 tours dédicacés, la petite carte de Brel, (ou de son secrétariat, mais à 17 ans on peut rêver, non ? ) en réponse à ma lettre écrite l'année du bac... Jeunesse, bagatelle que tout cela, non . Profonde admiration intacte...
Ecoutez sans préjugés "Il nous faut regarder " toujours d'actualité.


Derrière la saleté
S'étalant devant nous
Derrière les yeux plissés
Et les visages mous
Au-delà de ces mains
Ouvertes ou fermées
Qui se tendent en vain
Ou qui sont poing levé
Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère
Il nous faut regarder

Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté
Les filles au bord de l'eau


L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient

Par-delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur
Par-delà le vacarme
Des rues et des chantiers
Des sirènes d'alarme
Des jurons de charretier
Plus fort que les enfants
Qui racontent les guerres
Et plus fort que les grands
Qui nous les ont fait faire

il nous faut écouter
L'oiseau au fond des bois
Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi


Les berceuses des mères
Les prières des enfants
Et le bruit de la terre
Qui s'endort doucement


Jacques_Brel__2.jpeg
Mes deux précieux 45 tours dédicacés en 1958 ou 1959 je crois, il faudrait que je consulte mon petit journal pour vérifier... Et il faut savoir dans quel carton, sur quelle étagère et prendre le grand escabeau...
Non, pas aujourd'hui.

Commentaires

1. Le samedi 2 janvier 2016, 18:46 par Gilsoub

J'étais trop jeune quand il a arrêté sa carrière, mais je me rappelle de sa mort, et de ma tristesse. De ce disques "Les marquises" que j'écoutais en boucle, puis après j'ai découvert le reste, on m'a offert l'intégrale et je me suis offert le fabuleux DVD de ses adieu. Alors je te comprend, ce sont de bien beau et tendre souvenir :-)

2. Le samedi 2 janvier 2016, 19:33 par charlottine

Oui, Gilsoub, beaux et tendres souvenirs, tu as raison; quand j'étais étudiante je n'ai manqué aucun de ses passages à Caen, jusqu'à ce qu'il arrête sa carrière; un très grand bonhomme !

3. Le samedi 2 janvier 2016, 21:02 par Cristophe

Si j'étais né beaucoup plus tôt que 1967, j'aurais certainement aimé regarder et écouter en vrai Jacques Brel sur scène. Heureusement il a été connu et il reste des traces de lui.

4. Le samedi 2 janvier 2016, 21:46 par charlottine

Il faut bien qu'être née beaucoup plus tôt, Cristophe, ait des avantages: voir et écouter Jacques Brel sur scène par exemple. Il avait une puissance d'interprétation, une présence sur scène extraordinaire. Je me régale de le revoir grâce au DVD offert par ma fille.

5. Le dimanche 3 janvier 2016, 07:22 par mirovinben

Et en plus tu aimes le Grand Jacques !... C'est épatant. Moi aussi. Intégrale vinyle, intégrale CD, 3 bouquins (paroles + bio) et beaucoup de souvenirs.

Première rencontre par 33t interposé : "Rosa" écrite en 1962 et figurant dans l'album "Les Bourgeois". J'avais 11 ans et apprenais le latin. Mon premier exposé en français devant toute la classe : "Le plat pays". Pas de rencontre "Live", hélas.

"Amsterdam", "Les vieux" et "Ces gens-là", le trio de tête de mon hit-parade perso. Sans oublier les autres.

6. Le dimanche 3 janvier 2016, 08:26 par charlottine

C'est vrai que c'était une chance de le voir en "Live", comme j'ai dit à Cristophe, il faut bien trouver quelques avantages aux années de plus, non Mirovinben ? Quelle que soit la chanson, je reste toujours émue et admirative.

7. Le dimanche 3 janvier 2016, 09:34 par K

Merci pour ce récit Charlottine !
Brel fait "évidemment" partie des indiscutables dans ma discocédéthèque.
J'ai toujours en tête l'esprit de ses adieux : s'arrêter avant de devenir trop habile, de ruser, d'être moins sincère et plus "tricheur". Quelle intégrité.
Et puis en interview c'était pas l'eau tiède !
L'intensité.

8. Le dimanche 3 janvier 2016, 13:28 par charlottine

J'ai eu la chance, K, de voir, écouter, déguster sur scène Brel, mais aussi Brassens, Ferrat, Reggiani, Béart, Nougaro, Lény Escudero, Jehan Jonas, un grand aussi, mais parti beaucoup trop tôt pour que des jeunes l'aient vraiment connu. (liste spontanée mais non exhaustive ). Quand j'étais étudiante, je surveillais toutes les tournées de ces grands et comme l'argent de poche donné par mes parents ne me permettait pas ces belles sorties, je passais bien d'autres soirées en baby-sitting...

Tu as raison de souligner l'intégrité de Brel: ses interviews sont des chefs d'oeuvre. Quant à son tour de chant c'était toute une histoire, décidée, élaborée, construite et il n'a jamais fait de rappels, de bis . La
première fois, on était frustré, ensuite on le savait et c'était comme cela, et c'était bien, c'était Brel.

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